Bahia Cambaceres Interior
Une nav exténuante
Après un départ de Puerto Hoppner en fin de nuit, le détroit de Le Maire se passe bien, puis vient le symbolique changement d’Océan : je pénètre dans le Pacifique ! Le courant contraire est fort le long de la Isla Grande de la Tierra del Fuego mais le vent me permet encore de faire route directe jusqu’à embouquer le canal Beagle à la nuit tombante. Je tire des bords toute la nuit, courte, puisque le jour tient jusqu’à 22h30 pour reprendre à 4h30. Ensuite le vent se canalise dans le canal, toujours fort il lève un clapot important, les deux sont sur ma route directe. Je tire un temps des bords améliorés grâce à un appui moteur réduit puis vient le moment où il est plus rentable de tracer tout droit au moteur en jouant des voiles tant bien que mal. Le vent qui varie en force et direction nécessite des manoeuvres incessantes. J’y laisse encore un peu de peau, de mes mains qui montrent des signes de faiblesse ; surtout, pas moyen de me reposer plus de 30 minutes d’affilée car le bateau nécessite une attention constante. Le clapot grossit encore, le bateau en souffrance tape énormément, le vent de face bien établi et le courant contraire de 2 Nds m’oblige à pousser le moteur à fond pour les quelques milles qui reste jusqu’à la Bahia Cambaceres Interior. Je n’en peux plus de cette nav lente, bruyante, secouante, crevante et sans grand intérêt hormis le panorama. Je jette l’ancre après 122 milles et 33 heures de nav intense pour un repos très attendu. Ma moyenne de 3,7 Nds me questionne pour la suite, comment faire avec une autonomie essence limitée, sans appro possible et sachant que dans ce sens d’Est en Ouest contre le vent et le courant la nav se pratique au moteur ? Bref, dans l’immédiat Ushuaia est à 35 milles et Puerto Williams à 12 milles à vol d’oiseaux. Administrativement parlant il faut d’abord aller à Ushuaia pour revenir sur ses pas à Puerto Williams avant de pouvoir continuer dans les canaux, un aller/retour qui me chagrine au plus haut point, à suivre, en attendant dodo…
