Ushuaia
8h de nav pour venir ici, à Ushuaia, l’aboutissement de quelque chose, une espérance un peu folle qui se réalise et qui vous laisse désemparé dans le flottement entre deux états, celui de la concentration et de la persévérance mâtinés de stress qui a prévalu jusqu’ici et celui qu’il va falloir trouver pour tenir la durée dans un environnement incivilisé, sauvage et hostile, fait de vent, de froid et d’humidité, jusqu’à Puerto Montt, la fin des canaux au 41° de latitude Sud.
Le travail de préparation, anticipé bien longtemps à l’avance, a payé, il n’y a pas eu de casse à déplorer et les choix fait dans l’incertitude se sont révélés adéquates, bref, je suis pour quelques temps sur un petit nuage, fier et heureux !
Sur ce trajet, j’ai embarqué Nina et Ken, un couple d’Australien venu ici visiter et trekker. Les navettes sont aléatoires entre Puerto Williams (Chili) et Ushuaia (Argentine), symptôme résiduel des tensions passé entre ces deux pays qui ont failli en venir au conflit armé. C’est pourquoi, se sont souvent les voiliers qui se chargent du retour sur Ushuaia et ce pour quelques sous dont j’ai bien besoin, merci Nina et Ken !
Autre point de réjouissance, sur les 30 milles à 3,75 Nds de moyenne (!), j’ai pu avec une tendance NW faire – à 90% en trace directe + 2 bords de près - 1/3 de voile pure, 1/3 de voile appuyée au moteur et 1/3 de moteur, alors que les autres voiliers, beaucoup plus gros et moins manœuvrant, font tout au moteur. L’appui moteur avec le hors-bord à mi-régime, consomme peu ; sur ce trajet, j’évalue l’essence brûlée autour de 14 litres, ce qui me paraît raisonnable et encourageant pour la suite. Surtout, ce genre de nav où la recherche de l’optimisation est primordiale me motive bien, et si j’aime alors tout va… Le principal, confirmé par les habitués, est de s’engager sur les canaux par vent faible pour n’avoir que le courant à affronter sans clapot affreux et fardage excessif, comme j’ai pu les endurer lors de ma nav vers la Bahia Cambaceres Interior.
