Fil d’Ariane





# De Puerto Natales à Puerto Montt, navigation dans les canaux de Patagonie, suite # 30 juillet. A Tortel, comme dans tous les (rares) villages rencontrés, nous avons notre liste de choses à trouver : trouver un endroit où manger pas cher, trouver des légumes frais, trouver des pâtisseries, trouver du pain, trouver un poisson frais, trouver internet, trouver une douche chaude, trouver un coiffeur. Ces voeux seront exaucés en suivant le fil d’Ariane né du jeu des rencontres et du hasard. Pour commencer, la visite réglementaire à l’Armada nous offre la clé de l’ internet local qui se trouve à la municipalidad (mairie), ainsi que la direction de l’almacen (épicerie) la plus proche et nous informe qu’un catamaran, pavillon Allemand, est mouillé dans le fond de la baie. A l’ épicerie, la vendeuse, Fabiola, très serviable, nous donne l’adresse d’un restaurant qui confectionne des empanadas. En chemin, Carina questionne un marinero sur la possibilité d’acheter du poisson frais, cela ne semble pas possible mais l’homme est le mari de la gérante du restaurant, nous le suivons. Sur place, le restaurant ferme ses portes mais les rouvre pour nous et la gérante-cuisinière rapplique pour notre bon plaisir ! Tous les sièges sont à l’envers sur les tables, il ne fait pas chaud mais les enpanadas sont délicieux. La dame nous indique l’hostal, « Surena », de Delfin Velasquez, conseiller municipal, comme endroit probable pour une douche chaude, et un guide touristique qui traîne là, nous fournit un plan de la ville. Le lendemain, Carina dispose du wifi à la mairie, elle porte le blouson et l’écusson de la municipalidad de Puerto Williams, un homme l’interpelle car son frère y vit, bien sur, Carina l’a connu ! Nous cheminons sur les passerelles sur pilotis et croisons par hasard l’hostal « Surena ». Le surlendemain, le gérant qui nous y accueille, Delfin Velasquez, est l’homme de la mairie, « mundo pequeno » ! La douche chaude est tiède. Delfin cuisine la tête et les pieds d’une vache pour faire un plat local très apprécié, le « queso de vaca » (fromage de vache). Au bateau, c’est le grand luxe, car malgré de nombreuses interruptions, nous captons le wifi de la mairie. Le jour suivant, à la recherche de douceurs sucrées et en l’absence de boulangerie dédiée, c’est Fabiola, la vendeuse de l’almacen, qui propose ses talents de pâtissière, Carina lui commande une « pie de limon » (tarte au citron). A la nuit, nous découvrons le « portail temporel » de Tortel, la Rotonda, situé sur les hauteurs : une succession de passerelles-escaliers donne accès à un porche, qui, sans préavis, ouvre sur le bout de la Carretera Austral, cette route qui vient du Nord du Chili et qui se termine ici. La frontale éclaire les voitures stationnées et nous rappelle brutalement au souvenir du monde moderne. Le vent d’Est se lève pour la nuit. L’Envol, glissé entre la vedette des carabineros et un ponton de débarquement, est à l’ancre avec 2 amarres arrière sur la passerelle du littoral, à l’Ouest, sans protection à l’Est. Sous les rafales, les vagues prennent de l’amplitude, elles s’écrasent sur les rochers entre les pilotis dans un bruit de ressac incongru, toute la nuit nous serons brinquebalés comme dans un shaker. Les ancres empennelées ne céderont pas de terrain, c’est mieux avec moins d’1m de marge sous les quilles à marée basse ! Dommage que les lieux habités soient tant inhospitaliers dans ces canaux ; je suis pressé de retrouver la caleta pour ma tranquillité d’esprit. Le lendemain, Jürg, le capitaine du catamaran Sposmoker, nous rend visite et nous invite à son bord pour le lendemain soir. La « pie de limon » est livrée au ponton. La nuit s’écoule paisiblement. En fin de journée, nous nous rendons à la rame au catamaran. C’est la découverte d’un autre monde, un loft flottant ! Avec ce bateau, ce couple de sexagénaires, a hiverné 1 an dans la glace du Spilzberg ! Depuis 6 ans, leur camp de base est à Puerto Consuelo dans l’estero Eberhardt, à proximité de Puerto Natales. Ils en étaient déjà partis quand nous y passâmes. La température intérieure, 24°C, met à rude épreuve nos organismes accoutumés à 8 ! Jürg me montre comment faire un cache de photos satellites grâce au logiciel russe « SASPlanet ». Les photos de détail permettent de juger de la profondeur des fonds, de confirmer la présence d’arbres, de connaitre la taille d’un abri potentiel et ainsi de découvrir et tester de nouvelles caletas. Leur objectif étant d’aller à Chacabuco, nous aussi, nous serons amenés à nous revoir… Le lundi 3/08, la veille du départ, une dernière douche s’impose à l’ hostal, Delfin nous donne un peu de son « queso de vaca » ; la senora d’une épicerie comble le rêve de poisson de Carina en la régalant d’un robalo, un poisson local pêché le dimanche ; Fabiola nous permet de nous avitailler en produits frais, la veille de la mise en rayon, directement dans son entrepôt, les légumes en provenance de Cochrane sont débarqués du bateau quand nous passons ; pour finir, elle nous indique la maison de Sonia Vidal, une femme qui fait office de coiffeur en extra de son travail à la crèche. Entre la coupe de mes cheveux et celle des pointes de Carina, nous passons une charmante soirée avec ce couple et leurs 2 adolescents à siroter le maté, boisson d’herbe bouillie qui se déguste à la paille. L’homme, marinero de son état, me confirme que l’angostura au SE de l’île Irene, dans le canal Martinez, se passe bien mais avec du courant potentiel. Cette étroiture permet un sympathique raccourci par l’estero Gonzalez. Demain, la tendance Est, va nous permettre de faire enfin de la voile pure en direction de la bahia Tarn, à la fin du canal Messier et à l’orée du golfe de Penas… # Légendes img1 : Caleta Tortel, L’Envol et ses voisins, img2 : bateau de pêche ou de tourisme ? img3 : Tortel pittoresque, img4 : lost in Tortel ! # PS Odile : la lettre de Mam’ ne pourra être lue qu’à la prochaine connexion internet, à Chacabuco, dans 1 mois minimum ! Merci à tous pour vos SMS Iridium, on pense bien fort à vous # Vous pouvez nous envoyer un SMS gratuit sur le téléphone satellite du bord (881631639125) à http://messaging.iridium.com

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La trace GPS du bateau et nos waypoints d’escales en Patagonie sont visibles et téléchargeables gratuitement à partir de cette carte du voyage interactive. Sur un fond d’images satellites, vous pouvez zoomer, vous déplacer et cliquer sur les traces et les escales de L’Envol pour obtenir plus d’information.

Envoyé le 9/08/2015 par téléphone satellite de Puerto Francisco, GPS 47 44.95 S 74 34.06 W

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