La genèse du nom du bateau

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C’est en répondant à cette question (merci Isabelle) que le nom du bateau s’est imposé :

Qu’est-ce-qui me porte dans ce projet ?

1- Le développement personnel en toile de fond

Sur ce sujet, il faut remonter à l’adolescence, cette période a été difficile, car j’ai endossé le rôle du « poil de carotte », et jusqu’au service militaire, j’ai été un souffre douleur. Le résultat a été un manque de confiance en soi, une image de soi déplorable et une introversion handicapante.

Je m’en suis sorti grâce à la montagne et la pratique de l’alpinisme de « haut niveau » ; de cette époque, il me reste un press-book bien fourni, des souvenirs d’escalades en solitaire, sans corde, en hiver, par les faces les plus dures et un métier : guide de haute montagne et moniteur de ski… Ce dépassement de soi m’a sauvé, car le fait de réussir en montagne, ce qui me paraissait impossible la veille, me donnait la confiance qui me faisait défaut pour simplement affronter la vie ; régulièrement, je devais me prouver à nouveau que j’étais quelqu’un digne d’exister, à travers une nouvelle réalisation et une nouvelle prise de risque. Et puis il y a eu le déclic, cette démarche ordalique a perdu de son sens et j’ai vite arrêté, avant d’y laisser la vie comme beaucoup d’autres qui ont eu moins de chance. A partir de là, j’avais acquis une confiance de base, mais il m’a fallu 10 ans pour devenir un être vraiment sociable, capable de se reposer en l’autre, de faire confiance, de sortir du fonctionnement autarcique du tout faire et gérer par soi-même, donc avec très peu de relations sociales. Il m’a aussi fallu faire le deuil de la performance, de l’élitisme, pour pouvoir trouver du sens et du plaisir à faire des choses simples et que ce soit valorisant ; pas facile de redevenir monsieur tout le monde, après avoir connu l’exaltation quasi mystique en montagne !

Ce projet qui repose sur un travail d’équipe, sur la transmission et le partage, qui ne se situe plus dans la performance brute, seul face à soi-même, me permet de valider une tranche de vie et de m’en réjouir ; c’est comme une seconde naissance, l’impression de commencer enfin à vivre et que tout n’a été jusqu’alors que préliminaires laborieux !

2- Une curiosité autodidacte insatiable

Ce qui reste de positif de ce début difficile, c’est une curiosité et une façon autodidacte d’aborder les choses ; ainsi j’ai eu une période montagne – une période reprise d’étude – une période informatique – une période parapente et maintenant ce projet qui se veut la synthèse de tout ce que j’ai appris. Tout cela a nécessité beaucoup de temps libre, au détriment du travail rémunéré et au fil du temps je me suis détaché de la valeur travail parfois aliénante et j’ai appris à vivre de peu et à m’organiser différemment. Ce projet, c’est aussi une façon de continuer d’apprendre de nouvelles choses.

3- Engendrer le déclic

En 2007-2008 je suis parti 8 mois en bateau stop autour de l’Atlantique, Brésil, fleuve Amazone… Au retour, fort de l’expérience du voyage, du recul pris sur nos modes de vie occidentaux, j’ai fait le ménage dans mon mode de vie. Sans que je le sache, ma renaissance a vraiment débuté à ce moment, j’ai fait des choix qui ont été décisifs pour la suite : quitter la ville, habiter en collocation à la montagne, vendre l’auto, me déplacer exclusivement en stop, vendre tout le matériel et choses diverses inutiles accumulées année après année, m’alléger au maximum des contingences matérielles, simplifier ma vie, éradiquer toute source de stress, informatiser tout l’administratif passé, présent et futur… Bref me dépouiller du superflu, expérimenter le dénuement, inventer ma vie…

Cette démarche a pris 4 ans et c’est proche de son terme que le déclic s’est fait : ce projet, ce rêve que je ne me sentais pas capable d’assumer ni de près ni de loin, m’apparaissait possible ! Indicible ! En m’allégeant, c’est surtout mes amarres psychologiques de terrien que j’ai largué !

Ce long cheminement intérieur m’a donné ma propre vision du monde et de son fonctionnement, de notre rôle dans tout cela, de notre place dans ce tout, du sens à donner à son existence… Ainsi j’ai trouvé une forme de recette à l’épanouissement personnel dont l’élément clé est le contact étroit, permanent et prolongé avec le milieu naturel, de lui on vient et à lui on sera rendu ! Ce projet au long cours est un outil dont chacun peut se saisir, qui est amené à nous transformer et à nous donner l’énergie de mettre nos vies en cohérence avec nos valeurs, morales, rêves, désirs…

Faire le tour du monde sur un esquif à voiles est pour moi l’idée la plus ultime que je puisse imaginer, celle qui me paraît assez désirable pour inciter quelqu’un à sauter le pas, susceptible de faire le déclic dans sa tête. Il y a là la recherche d’une utopie, en s’appuyant sur une force cachée incroyable, apte à déplacer les montagnes : nos rêves de gosse. Ces rêves souvent enfouis sous nos peurs d’occidentaux.

Comme une évidence, le bateau s’appellera « Déclics ».

Addendum : Le bateau a finalement changé de nom, il s’appelle « L’Envol » car jugé plus poétique et plus en rapport avec la symbolique du projet et le graphisme de l’étrave (l’envol du cygne)…

Un grand merci à Isabelle Vigier, gérante de l’entreprise L’atelier Sur Mer, pour la fourniture des stickers d’étrave.

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