Hinchinbrook Island
Stats Australie :
Position : Cairns
Arrivée : 14/08/2019
Distance parcourue : 870 Mn
Temps passé : 60 jours
Moteur : 6,5 Mn
Mouillages : 34
Visa restant : 306 jours
Il y a paraît-il plus de 8’200 îles en Australie, bon nombre d’entre elles sont disséminées sous le couvert du Great Barrier Reef, un récif s’étirant sur quelques 2600 kilomètres, la plus longue étendue de corail du monde ! L’institution gouvernementale « Marine Parks » est chargée de sa protection. Afin de préserver le corail, un nombre incalculable de bouées bleues ont été installées autour des îles et dans le reef lui même. Nous avons découvert ces « public moorings » dans les îles Whitsunday et avant cela au travers des nombreux dépliants d’information qui couvrent par zone l’intégralité du Great Barrier Reef.
Il existe quatre types de bouées, un code couleur permet de prendre celle qui convient à sa taille (poids) de bateau et à la force prévue du vent météo. Au-delà du champ de bouées, des marqueurs flottants triangulaires délimitent le récif frangeant (corail), ils forment une ligne imaginaire indépassable. Une charte d’utilisation régit l’usage des bouées : entre 7:00 et 17:00, le bateau doit libérer la bouée une fois la limite de temps atteinte, un sticker flottant indique la durée, deux ou quatre heures, mais après 15:00, on peut rester pour la nuit jusqu’à 9:00.
Dans la pratique, les courants spécialement quand la marée s’oppose au vent et les zones d’installation déventées ou soumises à des vents variables en direction rendent ces bouées inutilisables, elles sont trop lourdes et agressives pour les étraves des monocoques. Le bong-bong qui martèle la coque devient vite insupportable et les traces bleues recouvrent le gelcoat. Il faudrait pouvoir les hisser à bord mais leur conception ne le permet pas, l’énorme émerillon contondant est des plus rébarbatif, ainsi que les coquillages tranchants qui squattent la ligne, un bout de près de huit centimètres de diamètre !
Nous n’avons tenté l’expérience que trois fois, la première pour seulement quelques heures et au retour nous avions déjà des traces bleues sur la coque, la seconde pour trente minutes à peine car la marée contre le vent rendait la situation intenable, la ligne passait sous la coque brossant l’antifouling tandis que l’émerillon inox de la bouée hissée à bord (on aura essayé !) marquait le taquet d’amarrage en aluminium.
Quittant Magnetic Island, nous visons Little Pioneer Bay sur la côte Ouest d’Orpheus Island. Le dépliant indique l’existence de quatre bouées (code vert, bateaux jusqu’à 20m, 34 Nds de vent max). Quand nous arrivons un cata occupe l’une d’entre elles, les autres sont libres, c’est heureux car les fonds importants sont peu engageants. La baie bien alimentée par l’alizé que cette île basse ne gêne pas est propice à l’utilisation de bouée. La nuit se passe sans heurt.
Le lendemain nous mettons le cap sur l’île de Hinchinbrook. Un peu comme The Narrows à l’île Curtis, un canal navigable dans la mangrove la sépare du continent, nous allons l’emprunter mais avant cela, nous voulons mouiller à Zoe Bay sur la côte Est, la côte au vent. Tout le monde s’accorde à dire que c’est un « must do », on peut se baigner au sommet d’une cascade tout en dégustant une vue panoramique sur l’île et la baie ! Le fameux Thorsborne Trail emprunte cette côte inhospitalière et sauvage. Les prochains jours la météo prévoit un marais barométrique alors nous tentons le coup, doublant à bâbord l’entrée du chenal de Hinchinbrook nous poursuivons vers la côte Est.
Quand nous arrivons dans la baie la houle est encore malheureusement présente et c’est dépités que nous devons faire demi-tour. Nous sommes maintenant au louvoyage jusqu’au début du chenal. Une course contre la montre avec la marée et la nuit s’engage. L’entrée du chenal est peu profonde et le courant favorable est à marée montante, péniblement alors que la renverse et le début de marée descendante commencent à altérer la qualité de nos bords, nous regagnons contre le vent, coupant au plus court du raisonnable pour embouquer le chenal sur son alignement. La marée encore haute et les mortes-eaux nous accueillent aimablement. Nous mouillons proche de Bluff Creek avant la nuit. Notre déception s’estompe avec la splendeur et le calme communicatif des lieux.
Hinchinbrook Channel, jour 2
Les jours suivants, nous progresserons Nord dans le chenal, le vent météo est inexistant, nous dérivons en eaux plates avec le courant à faveur, parfois aidés par un souffle de brise insignifiant. Nous profitons du paysage dans un lent, très lent travelling panoramique, des conditions idéales qui laissent le temps de s’imprégner de ces lieux enchanteurs et magiques. Nous y verrons notre premier crocodile, parfait mimétisme d’une branche entre deux eaux, complètement immobile jusqu’à ce qu’il se sache repéré et ne plonge dans les eaux turbides.
Patiemment, à la voile, nous déroulons le chenal et la météo, d’abord pluvieuse et bouchée dans une ambiance fantomatique, puis ensoleillée, révélant les sommets de l’île et leurs reflets sur les eaux lénifiantes.
Chaque jour, du matin au soir, nous avançons d’une dizaine de milles, prenant le mouillage qui s’offre à nous quand la nuit approche, ainsi nous découvrirons Mendel Creek dont l’entrée profonde, aisée à franchir, tombe à point nommé, puis Scraggy Point, un lieu plutôt exposé au fetch en temps normal où nous pourrons dérouler un joli sentier et nous baigner dans la rivière attenante.
Hinchinbrook Channel, jour 3
Enfin, bénéficiant d’une brise revigorante, nous contournons le Nord de l’île jusqu’au mouillage de cap Richards : une charmante plage lovée dans une petite baie toute au Nord de Hinchinbrook. Profitant de la fin de journée nous rejoignons au pas de course la plage de Macushla. Cette dernière à l’instar de beaucoup d’autres, abrite un « camp site », il y a de l’eau de pluie à disposition, une toilette, un abri pour le mess, des emplacements pour monter sa tente et bien sûr la clôture anti-crocs puisque nous sommes en « crocs country » maintenant !
De retour de trek, un voilier nous tient compagnie dans la baie, le bateau s’appelle Bison et son capitaine, Nigel, nous invite à manger à son bord. Les récits de Nigel et de ses nombreux déboires nous dressent les cheveux sur la tête !
Le lendemain, la brise tarde à s’installer, nous l’attendons dans l’espoir un peu insensé de pouvoir rejoindre Zoe Bay quinze milles au vent. A 10:00, la mer commence à se rider, les conditions s’installent, nous levons le camp. C’est parti pour compléter sous voiles la circumnavigation de l’île de Hinchinbrook. En quatre heures et moins de vingt milles nous atteignons Zoe Bay ! Une chance car un seul premier contre-bord de cinq milles aura suffi pour passer ensuite les deux caps successifs bâbord amure, à ras les moustaches il est vrai. Deux voiliers sont mouillés et nous jetons l’ancre derrière eux, joyeux de la chance qui nous est donnée.
Nous avons pris l’habitude de notre petit triathlon journalier, un peu de nav, un peu de rame, un peu de trek avant un dodo revigorant et de remettre ça le lendemain. Poursuivant ce nouveau rythme qui nous convient, nous gonflons l’annexe et débarquons sur le « camp site » au Sud de la plage. Nous cavalons jusqu’au sommet de la cascade où il est si bon de s’immerger dans de l’eau douce à profusion puis nous poursuivons sur le Thorsborne Trail jusqu’à un saddle (col) qui offre une vue dégagée. Retour au bateau avec le soleil couchant dans un cramoisi sombre de crêtes écarlates.
Départ matinal de Zoe Bay
A l’aube, nous quittons avec un certain soulagement ce mouillage très rouleur. Cap est mis sur Dunk Island.
A suivre…
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La trace GPS du bateau, nos traces GPS à terre (en trek, en stop…) et nos waypoints d’escales en Australie sont visibles et téléchargeables gratuitement à partir de cette carte du voyage interactive. Sur un fond d’images satellites, vous pouvez zoomer, vous déplacer et cliquer sur les traces et les escales de L’Envol pour obtenir plus d’information.
Publié le 16/08/2019 de la ville de Cairns, Queensland, Australie, GPS 16 55.22 S 145 46.65 E
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