En route vers Darwin

Stats Australie :

Position : Darwin
Arrivée : 27/08/2019
Distance parcourue : 2’088 Mn
Temps passé : 73 jours
Moteur : 8 Mn
Mouillages : 38
Visa restant : 293 jours

Les horaires sont en heure locale du Queensland (UTC+10) puis du Northern Territory (UTC+9:30), formatés sur 24 heures

Depuis Hinchinbrook Island, jusqu’à Darwin, via Cairns, nous avons substantiellement allongé la foulée en parcourant 1’330 milles en 17 jours.

11 août, Hinchinbrook Island – Dunk Island

Nous longeons, en sens inverse cette fois, la côte Est de l’île d’Hinchinbrook, un régal pour les yeux. Nous avons tout le loisir d’imaginer la meilleure voie jusqu’à son sommet, le mont Bowen (1’121m). Quel dommage que le Thorsborne Trail emprunte la côte Est évitant les hauteurs !

A Dunk Island nous retrouvons Ray et Sue du cata Purr-fik ainsi que Nigel sur son sloop Bison. L’ancre établie, nous débarquons pour le trek du tour de l’île passant par le sommet, quelques dix kilomètres. Le lendemain, après une lessive mise à tremper et une corvée d’eau facilitées par les installations publiques du « camp site », nous quittons les lieux avec en cadeau de Sue, de délicieux steaks de kangourous ! La brise est déjà levée, nous rinçons le linge dans le cockpit le bateau lancé à vive allure.

12 août, Dunk Island – Mourilyan Harbour

La journée se transforme en régate improvisée avec un monocoque Hanse de 12 mètres, Rocinante, qui a quitté le mouillage juste avant nous, avec semble-t-il la même destination, Mourilyan Harbour. Ils tirent des bords de grand largue afin de ne pas déventer leur génois derrière leur GV. Quant’à nous, avec les voiles en ciseaux, le génois tangonné, nous descendons le vent callés sur la route directe, nous faisons donc moins de distance et les départs fréquents au surf nous permettent de dépasser notre vitesse limite inhérente à notre longueur de coque à la flottaison. Petit à petit nous les rattrapons et les dépassons.

Intéressant de confirmer en visuel qu’au vent arrière la ligne droite reste le plus court chemin et que l’option VMG avec empannages n’est pas rentable. Il faut avouer que la configuration voiles en ciseaux, toute en trainée et turbulences n’est pas aussi esthétique que celle exploitant sur la même amure les voiles en finesse et portance tirant ainsi le meilleur parti de leurs conceptions et profils.

L’Envol à Mourilyan Harbour

A Mourilyan Harbour, le banc de sable a bougé, la zone de mouillage située à l’extérieur de l’aire réservée aux manœuvres de cargos de ce petit port de chargement du sucre s’est réduite comme peau de chagrin. Nous passons la nuit dans très peu d’eau confiant dans notre tirant d’eau.

13 août, Mourilyan Harbour – Fitzroy Island

Quand nous levons l’ancre, Rocinante est déjà partie, la régate reprend donc ! Le matin, le vent est mou et toujours sur notre route, encore plus que la veille où un petit angle de dix degrés nous permettait de confirmer l’amure afin d’avoir la GV établie « sous le vent » et le génois « au vent ». Nous passons alors en mode papillon, GV ferlée, le gennaker tangonné en bout de bôme, le génois tangonné avec l’espar Seldén en carbone, une pièce maîtresse du bateau que nous utilisons énormément, facilité en cela par sa surprenante légèreté.

Nous avons 4 à 5 milles de retard, Rocinante est loin devant, tantôt sur notre tribord, tantôt sur notre bâbord, il poursuit sa progression selon la même stratégie en zigzags. Il nous faudra toute la journée, grappillant milles après milles pour les rattraper. La brise fraîchissante de fin d’après-midi, 15-18 nœuds, nous permet de surfer à quelques 9 nœuds par pulsations. Sur cette portion, L’Envol carbure en moyenne à 7 nœuds, les vagues maniables grâce au Great Barrier Reef permettent au pilote de tenir la toile sans crainte de partir au tas. Nous passons en pole position.

Nous enroulons sans peine le gennaker avant le venturi généré par le rétrécissement (moins de 3 milles) entre la côte et l’île de Fitzroy.

Welcome Bay est quadrillée de bouées afin d’optimiser l’espace restreint de ce mouillage très prisé à proximité de la ville de Cairns. Malheureusement, les rafales de vent intermittentes en provenance de différentes directions ne sont pas bouées compatibles ! Nous mouillons au plus près de la plage dans un espace libre tout juste parfait pour notre rayon d’évitement.

Nudey Beach, Fitzroy Island

Nudey Beach, Fitzroy Island

Afin de profiter au mieux des quelques heures avant la nuit, nous gonflons prestement l’annexe et débarquons sur la plage très touristique de la resort. Cette île offre plusieurs sentiers assez courts que l’on peut circonscrire dans un même élan. Nous commençons par grimper au sommet (269m), le panorama vaut le détour, puis enchaînant par le phare au NE de l’île, nous revenons sur le mouillage par la côte NW jusqu’à Nudey Beach, la partie finale emprunte un tracé asphalté (!) slalomant entre d’imposants blocs de granite.

14 août, Fitzroy Island – Cairns

Le lendemain, une navigation courte et sans histoire nous rapproche du long chenal d’entrée de Cairns Harbour (6 milles).Nous longeons sagement la ligne de sonde des deux mètres puis, imitant les gros catamarans passagers qui font la navette entre Cairns et l’île de Fitzroy, nous la coupons brièvement avant de pénétrer au près serré dans le chenal. Une stratégie qui le raccourcit de 4 milles, nous permettant éventuellement, malgré le vent dans l’axe du chenal, d’espérer pouvoir rejoindre à la voile une aire de mouillage dans Trinity Inlet. Deux virements de bords successifs exécutés à la volée, pour éviter la barge de dragage en fonction à la balise C20 puis un catamaran commercial en contre-sens, suffiront contre toute attente pour atteindre la zone de mouillage située bien à propos juste en face de l’entrée de la marina.

Nous ne profiterons de cette ville jeune et dynamique que 48 heures, le temps de faire un gros avitaillement en nourriture, re-compléter de 30 litres notre réserve d’essence au cas où et mettre à jour le site internet. Les huit traversées en annexe du Trinity Inlet, surchargés du poids de victuaille embarquée, avec le courant de marée et la brise conjugués seront parfois bien physiques pour nos petits bras.

Lagon artificiel en centre ville

Lagon artificiel en centre ville

Du fait des méduses en saison chaude (cyclonique), des requins et surtout des crocodiles omniprésents dans toute la moitié Nord de l’Australie (de Mackay à Broome), il n’est pas possible de se baigner dans la mer ou, plus dangereux encore, dans les rivières à mangrove. Du coup, les villes balnéaires mettent à disposition des bassins en eau douce assez esthétiques et conviviaux ainsi que des lagons de mer anti-intrusion.

16-17 août, Cairns – Lizard Island

Quelques milles après la sortie du chenal, une baleine apprend à son baleineau à sortir de l’eau et retomber en vrille sur le dos, ils viennent à notre rencontre selon une trajectoire parallèle, pourvu qu’ils sachent tenir un cap ! Les deux monstres passent à cinquante mètres dans des éclaboussures dantesques, un spectacle incroyable ! Alors que le petit poursuit ses cabrioles sans nous détecter, la mère qui le suit sonde au passage de L’Envol.

Partis à la mi-journée, nous avons devant nous une longue navigation jusqu’à Lizard Island, 140 milles que nous couvrirons en 22 heures et 22 minutes à la vitesse moyenne de 6,3 nœuds ! La bande d’eau comprise entre la côte Est australienne et le Great Barrier Reef se rétrécit. Nous traversons avant la nuit le rail des cargos puis nous évoluerons sur son flanc Est jusqu’à Lizard Island. Par nécessité les quarts de nuit sont en vigueur à bord de l’Envol.

On n’est pas seul !

On n’est pas seul !

La nuit tombe quand nous laissons à bâbord le mouillage populaire et bien protégé de Low Islets. Peu après minuit nous contournons les îles Hope, on y distingue un feu blanc de mouillage. Puis nous doublons la ville de Cooktown, dernière possibilité d’avitaillement avant Seisia, une petite bourgade implantée une vingtaine de milles après le cap York.

Une navigation agréable, les voiles en ciseaux, souvent à 7 nœuds et plus au surf. Le lendemain en fin de matinée, nous pénétrons dans Watsons Bay au louvoyage sous voilure réduite, composant avec la brise nerveuse et les quelques bateaux à l’ancre, nous trouvons notre mouillage au plus près de la plage.

Après un peu de repos et un bon repas, nous débarquons en fin d’après-midi sur la plage. Le pèlerinage sur les traces de James Cook jusqu’au sommet (359m) emprunte de magnifiques dalles de granite. Justifiant le nom de l’île, nous approcherons à un mètre un gros lézard, immobile mais attentif, sur le bord du sentier.

Trek à Lizard Island

Au sommet, on distingue mieux les dangereux récifs qui nous entourent. C’est de ces derniers que James Cook rendu un peu claustrophobe voulait se défaire en trouvant une sortie vers le large au travers du Great Barrier Reef. La passe qu’il empruntera s’appelle maintenant le « Cook’s Passage ».

18-25 août, Lizard Island – Alcaro Bay (cap Don, Northern Territory)

La lecture du dernier grib nous convainc de tracer la route et contourner au plus vite le cap York avant la prochaine squash zone. Cette partie de côte réputée pour la stabilité de ses alizés, est balayée en permanence par un flux puissant de SE. Quand un nouvel anticyclone à 1030 hPa s’installe dans le Sud du pays, le vent de son coin NE se renforce au contact des alizés, 30-40 nœuds sont alors courants. Bien que protégés par le Great Barrier Reef, les vagues générées par les faibles profondeurs, 15-20 mètres, deviennent escarpées et peu praticables. Nous avons 2½ jours de vents maniables à notre disposition pour contourner le cap York et couvrir les 320 milles qui nous séparent de lui, soit une moyenne de 5,3 nœuds à tenir, c’est largement faisable compte tenu des moyennes que nous parvenons à faire sous couvert de la grande barrière de corail.

Autre considération stratégique, nous devons nous synchroniser avec le début du flot pour franchir les 4 milles d’Albany Pass, un canal étroit qui précède le cap York entre l’île du même nom et la péninsule du cap. Idéalement, nous devons être à l’orée d’Albany Pass à 7:40 du matin le mardi 20 août. Les courants dans ce canal peuvent atteindre 4,5 nœuds en marées de vives-eaux ! Bien que nous soyons plutôt en mortes-eaux, nous devons en tenir compte, ce qui signifie qu’en réalité nous n’avons que 2 jours et 2 heures pour couvrir la distance, soit une moyenne de 6,4 nœuds à tenir ! C’est nettement plus critique !

Si nous sommes hors timing nous pouvons mouiller (de jour seulement) dans Escape River, 14 milles avant Albany Pass et attendre la marée du lendemain matin. Problème, nous serons alors mercredi en pleine squash zone et comme la partie de côte entre Lizard Island et le cap York n’a pas de couverture mobile, sans la possibilité d’acquérir une météo récente.

Jour 1
du dimanche 18 au lundi 19 août

> Dernières 24h : 160 Mn (second record du bateau)
> Vitesse moyenne : 6,7 Nds

Avec Sania, 190m, vitesse 11,7 Nds

Avec Sania, 190m, vitesse 11,7 Nds

5:15. Profitant d’un éclairage lunaire, nous quittons Lizard Island avant les premières lueurs du jour.

En approche du rétrécissement entre Howick Island et Megaera Reef, un cargo nous passe à moins de 400 mètres.

En début d’après-midi, au passage du cap Melville, le vent accélère à 30 nœuds. Tout dessus en ciseaux, L’Envol part régulièrement au surf à 11-12 nœuds, avec une vitesse mini en permanence au-dessus de 8 nœuds. Le sillage ressemble à celui d’un bateau à moteur avec des vagues de poupe croisées qui déferlent.

L’Envol surf à 12 nœuds

L’Envol surf à 12 nœuds

Sur les premières douze heures nous parcourons 84 milles à 7 nœuds de moyenne, ce qui nous permet de toucher les îles Flinders avant la nuit et à défaut de pouvoir s’y arrêter, emprunter Owen Channel, le pittoresque canal entre les îles Stanley et Flinders. A la sortie Ouest du passage, un voilier est au mouillage. Nous passons à côté, contournons Heming Point et renvoyons de la toile. Peu après minuit, nous passons non loin du mouillage de Morris Island.

Jour 2
du lundi 19 au mardi 20 août

> Dernières 24h : 148 Mn
> Vitesse moyenne : 6,2 Nds

En fin de matinée, nous doublons le cap Weymouth et Restoration Island. Cette dernière abrite David, son (?) ketch est échoué sur la plage. Dans la foulée nous laissons le mouillage de Portland Road sur bâbord. Délaissant le chenal nous passons au plus direct entre les récifs, Hazel et Kay Reefs, Laurel et Moody Reefs, jalonnent le parcours. C’est une chance que cette partie délicate du parcours tombe de jour. Peu avant la nuit, nous nous glissons entre Gore et Hicks Islands, un remorqueur emprunte le même passage en sens inverse, on se sert les coudes dans ce passage relativement étroit. Juste après, derrière le cap Grenville, c’est le mouillage de Margaret Bay.

En début de nuit, nous slalomons entre Wizard Reef et Boydong Island. Cinq milles délicats durant lesquels il ne faudrait pas se retrouver en rade de GPS. Peu avant minuit, c’est Halfway Islet et son récif, un obstacle en plein sur notre route, que nous laissons sur tribord. Albany Pass n’est plus qu’à une quarantaine de milles mais comme nous sommes en avance sur l’étale de basse mer, nous réduisons la voilure. A quinze milles de l’objectif, non loin de l’entrée d’Escape River, je réduis encore un peu plus. Nous sommes en sous-vitesse, les vagues nous rattrapent et nous ballottent, certaines éclatent dans le cockpit.

Jour 3
du mardi 20 au mercredi 21 août

> Dernières 24h : 145 Mn
> Vitesse moyenne : 6 Nds

7:15 (AM). Nous embouquons Albany Pass un peu en avance sur l’étale. Pas de mascarets ou de courants furieux, peut être aurions-nous pu passer durant le jusant en ces temps de mortes-eaux ?

Dans Albany Pass, nous retrouvons du réseau et nous en profitons pour prendre un Grib à la volée. A sa lecture, on comprend que si l’on s’arrête à Seisia, on va perdre un bon créneau de vent pour franchir le redouté golfe de Carpentaria. Réputé pour ses mers croisées et ses vagues courtes, abruptes et rapprochées. La faute aux courants qui l’agitent et aux faibles profondeurs (50 mètres). Dans de telles conditions, le pire serait de ne pas avoir de vent pour appuyer les voiles.

Afin de bénéficier des effets de la squash zone, de laquelle nous sommes maintenant limitrophes, nous décidons de sauter Seisia et même Gove, une ville de l’autre côté du golfe mais qui pour la rejoindre nous fait trop pointer dans le vent et taper dans les vagues en provenance du fond du golfe, un fetch de 400 milles !

Nous visons le mouillage de Two Island Bay sur l’île de Marchinbar, tout au Nord de l’arc formé par le groupe des Wessel, lequel groupe s’étend du SW au NE sur près de 80 milles. Avec cette stratégie nous traversons les 300 milles du golfe de Carpentaria sur une trajectoire plein Ouest nous permettant d’absorber plus sereinement les deux poussées d’alizés que l’on va essuyer dans les nuits de mardi à mercredi et mercredi à jeudi.

8:40. Nous doublons le cap York le sourire aux lèvres, la côte Est est maintenant derrière nous et le point le plus Nord d’Australie atteint ! Devant un catamaran semble avoir un cap similaire au notre.

A peine avons-nous quitté les hauts fonds (5m) de la sortie Ouest du Endeavour Strait qu’une mer désordonnée nous cueille : des trains de vagues nous roulent par le travers et croisent avec la mer du vent sur notre arrière. Nous n’aimerions pas devoir nous amariner dans les parages !

Nous sommes au largue, sur l’arrière du travers, un peu limite pour ouvrir le génois au vent car un écart du pilote le mettrait à contre aisément. D’un autre côté, laissé libre sous le vent, il claque dans les rappels de vague ou, brusquement déventé par la GV, sur une abattée du pilote.

Dans les mers désordonnées, j’aime bloquer les voiles en position : je prends deux ris dans la GV pour neutraliser les deux premières lattes, je l’ouvre autant que me permettent les barres de flèche poussantes et je souque à fond une retenue de bôme passant par l’étrave pour empêcher tout mouvement intempestif ; je tangonne le génois en ciseaux quitte – si on se rapproche trop du travers – à l’enrouler un peu et choquer de l’écoute pour ouvrir sa chute au vent dans sa partie haute. Celle-ci opère alors un peu comme un anti-lof et participe à la stabilité de route en épaulant le pilote. Au grand largue ou au vent arrière, je le borde plat pour fermer sa chute.

Golfe de Carpentaria

Golfe de Carpentaria

Plus tôt et durant moins longtemps que prévu, le coup de vent nous passe dessus. Le vent moyen reste maniable autour de 25 nœuds mais les rafales grimpent allégrement à 28-30 nœuds. J’enroule encore du génois (tangonné au vent), il n’en reste plus grand-chose de sorti. Le bateau bouge énormément sur tous les axes, se déplacer relève de l’exercice de proprioception. Trempé par une vague j’enfile ma combinaison néoprène et tandis que Carina occupe la banquette du carré au vent, je m’allonge, quelque peu recroquevillé, sur une mousse de camping doublée au pied de la descente.

Jour 4
du mercredi 21 au jeudi 22 août

> Dernières 24h : 142 Mn
> Vitesse moyenne : 5,9 Nds

Encore une journée passablement inconfortable. Second coup de vent durant la nuit, moins fort et plus court que le précédent. On avance bien, rien à signaler.

Nous quittons l’état du Queensland pour celui du Northern Territory, l’heure locale passe en UTC+9:30 mais nous ne répercuterons le changement qu’au prochain mouillage afin de ne pas perturber l’enregistrement de la trace dans OpenCPN.

Jour 5
du jeudi 22 au vendredi 23 août

> Dernières 24h : 145 Mn
> Vitesse moyenne : 6 Nds

18:30. Il fait encore jour quand nous doublons le cap Wessel. Quittant sans regret le golfe de Carpentaria pour passer sous la protection des îles Wessel, la mer se calme comme par magie, de confuse, grosse et chaotique elle devient tranquille et plate. En prime, synchros avec le flot nous gagnons 3 nœuds de vitesse au passage du cap. Nous décidons de continuer en direction de Port Essington et de profiter en navigation du retour de la plaisance à bord. Les deux ris dans la GV sont relâchés et le génois est déroulé sous le vent.

En cours de nuit, l’avion des Border Force (police des frontières) nous survol pour la seconde fois (la première fois c’était avant le cap York). Ils nous interpellent sur le canal 16 de la VHF, s’ensuit un contrôle de routine : nom du bateau, port d’enregistrement, port précédent et suivant… On apprend au passage que le voilier Mardos, visible en AIS sur notre tribord, est de nationalité allemande avec la même destination que nous, Darwin. On le passe dans la nuit, il semble tirer un bord de grand largue ce qui à tendance à l’éloigner au Nord de notre route.

Jour 6
du vendredi 23 au samedi 24 août

> Dernières 24h : 136 Mn
> Vitesse moyenne : 5,7 Nds

Moins de vent, tout dessus !

Moins de vent, tout dessus !

Le vent mollit un peu et reste obstinément très proche du travers, je complète le génois sous le vent en envoyant la trinquette tangonnée au vent, GV haute, une configuration étrange mais qui fonctionne bien.

Jour 7
du samedi 24 au dimanche 25 août

> Dernières 20h : 97 Mn
> Vitesse moyenne : 4,8 Nds

Peu après l’île Oxley, une fugitive couverture Telstra nous permet de réactualiser notre Grib en navigation. La prochaine étape délicate consiste à traverser le golfe Van Diemen via Dundas Strait en entrée de golfe puis Clarence Strait en sortie de golfe. Une longue navigation d’une centaine de milles qu’il faut cadencer en fonction des courants de marée qui traversent ces détroits, jusqu’à 6 nœuds en vives-eaux. Le grib nous indique que la journée de dimanche est plutôt mollassonne alors que le lundi semble plus établi. Le mouillage le plus approprié pour patienter et paramétrer au mieux un départ avec le flot est à Alcaro Bay, une baie située à seulement trois milles du cap Don et du début de Dundas Strait.

15:00. Tandis que l’on double le cap Croker, un catamaran prend juste derrière le mouillage de Somerville Bay. Le vent tombe et adonne suffisamment pour passer sans risque sur une configuration en papillon avec le gennaker et le génois associés.

L’Envol en papillon

L’Envol en papillon

Nous ignorons Port Essington poursuivant vers Alcaro Bay. Nous l’atteignons à 1:15 du matin le 25 août après 973 milles parcourus non-stop à près de 6 nœuds. Dans le noir, la frontale révèle deux points orange à fleur d’eau, un crocodile patrouille son territoire.

On change le fuseau horaire du bateau en passant de UTC+10 à UTC+9:30. On se repose. Je monte au mât rectifier deux-trois choses sans gravité et j’en profite pour siliconer le rail de coulisseaux. On hisse le smartphone en tête de mât afin de tenter de capter le réseau Telstra mais sans succès.

26-27 août, Alcaro Bay – Darwin via Foelsche Bank

6:50. Un souffle de vent nous accompagne lentement dans le contournement du cap Don. A 8:00, nous prenons pied dans Dundas Strait. Nous sommes 5 heures avant la pleine mer à Darwin, c’est la fin du jusant et bientôt le début du flot dans le détroit. La méthode officielle préconise un départ 4 heures avant la pleine mer à Darwin mais compte tenu des mortes-eaux et de notre expérience à Albany Pass, on prend quelque liberté et un peu d’avance, le vent n’étant plus garanti dans cette partie de côte sous le vent des alizés, il vaut mieux assurer nos arrières.

Nous traversons le golfe Van Diemen au plus droit jusqu’au North Channel au Nord de NW Vernon Island (Clarence Strait), contournant au plus près ou longeant les différents hauts fonds qui marquent le parcours, essayant de respecter nos temps de passage en fonction des inflexions du courant de marée. D’abord à 60-70 degrés du vent sous gennaker et GV nous passons au portant dans une configuration en papillon avec le gennaker et le génois associés.

Comme prévu, nous sommes à Renard Shoals à 13:00, c’est la pleine mer à Darwin. De 14:00 à 18:00 le courant est à contre et le vent faiblit, nous sommes à 2-3 nœuds sur le fond. Dans l’après-midi, Carina me coupe les cheveux sur la plage avant. Nous doublons Beagle Shoals avec trente minutes d’avance. La marée est de nouveau à faveur et le vent reprend de la vigueur. Nous devons franchir Clarence Strait avec cette marée, il reste 28 milles pour sortir du golfe et nous avons jusqu’à minuit. Devant l’étrave, le phare de NW Vernon Island nous donne la direction.

22:00, nous contournons la balise verte de Marsh Shoal avec 2 heures d’avance. Clarence Strait franchi, nous sommes maintenant dans Beagle Gulf. Il reste 23 milles jusqu’au mouillage de Fannie Bay à Darwin. Nous sommes 6 heures avant la pleine mer et nous avons à priori tout le temps de terminer cette navigation avec le flot qui rentrera dans Port Darwin.

Malheureusement à 23:00 le vent tombe durablement. Nous luttons durant 2½ heures à 1-2 nœuds puis dérivons à rebours 1½ heure sur plus d’un mille avant de nous décider à utiliser le moteur pour aller mouiller sur le Foelsche Bank à 1,5 mille de notre position. 3:40 du matin, ce dernier annonce 1,2 mètre mais sur cette cote nous trouverons 6 mètres. Bien que nous soyons en mortes-eaux avec 3 mètres de marnage la pleine mer est à 5,3 mètres au-dessus des minimas (8m en vives-eaux). Pas de bruit de chaîne qui rague et quand nous remonterons l’ancre elle sera propre exempte de vase, probablement un fond de sable.

7:00, le vent reprend. Après un court sommeil de deux heures on remet en route. La basse mer est à 9:15 et nous avons 20 milles jusqu’à Fannie Bay. Les 15 premiers milles sont rapides puis le vent tombe. Même sous gennaker, L’Envol peine à la tâche. Nous progressons par saccades aux grés des poussées de brise qui balayent sans constance le plan d’eau. Grâce à Carina qui observe des vagues blanches au loin, on a juste le temps d’enrouler le gennaker avant une brusque montée de brise. Nous finirons au louvoyage sous 2 ris et génois partiellement enroulé.

Mouillage forain de Fannie Bay, Darwin

Mouillage forain de Fannie Bay, Darwin

Malgré un cafouillage de dernière minute dans l’enroulement du génois dû à la fatigue et la concentration intense de ces derniers jours, nous prenons notre mouillage à 13:00 dans Fannie Bay. Avec le marnage conséquent nous sommes à plus d’un kilomètre de la plage, sans moteur d’annexe, il faudra partir tôt avant que la brise ne s’installe pour économiser nos bras ! Nous sommes entourés de nombreux mâts, des bateaux locaux et d’autres de passage tout comme nous.

Nous voilà rendu à Darwin, dans ce lieu mythique à la croisée des chemins entre Indonésie, Nouvelle Guinée et Ouest Australie.

A suivre…








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La trace GPS du bateau, nos traces GPS à terre (en trek, en stop…) et nos waypoints d’escales en Australie sont visibles et téléchargeables gratuitement à partir de cette carte du voyage interactive. Sur un fond d’images satellites, vous pouvez zoomer, vous déplacer et cliquer sur les traces et les escales de L’Envol pour obtenir plus d’information.

Publié le 3/09/2019 de la bibliothèque « Darwin City Library », ville de Darwin, Northern Territory, Australie, GPS 12 27.88 S 130 50.74 E

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