Rando à Madère
Un texte d’Henri :
Madère, l’île aux fleurs l’île aux marches
Nous voici à Madère après 6 heures de traversée depuis Porto Santo. La marina de Funchal étant pleine en permanence, nous allons à Quinta do Lorde, à l’extrême Est de l’île, afin de pouvoir laisser le bateau quelques jours pour aller randonner. C’est la seule zone un peu désertique et loin des commerces. Par contre on découvre au dernier moment, en rentrant dans le port, un joli petit village modèle, très bien entretenu, vraiment la carte postale. On apprendra vite qu’il s’agit d’un village vacances mais loin des trucs moches que l’on trouve chez nous.Là, il y a l’église, la place du village avec la fontaine, de vraies rues, … mais le tout clôturé avec un bataillon d’employés à l’année et très peu de touristes à cette période.
La soirée se terminera au bar avec nos voisins de ponton de Porto Santo; tout le monde a fait la liaison en même temps.
Charly vient de nous rejoindre, il va faire la route jusqu’aux Canaries. Nous nous retrouvons donc à 4 pour une semaine de rando itinérante au programme.
Le lendemain c’est donc sac sur le dos, avec duvet, matelas et popote que nous partons. Au programme, levada (les canaux parcourant la montagne pour acheminer l’eau vers les villes et terrains cultivés) et sentiers en montagne.
La première chose qui frappe, c’est que l’ile est très verte – gros contraste avec Porto Santo – bien escarpée; le sommet est à 1800m. Les montagnes sont beaucoup plus abruptes que par chez nous. Chaque ruisseau creuse assez profondément une gorge, ce qui fait que les habitations en montagne sont davantage sur les lignes de crêtes que dans les vallées, sauf en bord de mer quand elles s’évasent.
Après une mise en jambes le long d’une levada – donc un bon sentier à flanc – nous parcourons un très beau sentier en balcon au dessus l’océan; rien de difficile mais assez impressionnant. Ensuite, comme cela nous arrivera régulièrement, nous n’hésitons pas à faire quelques liaisons en taxi ou en stop, bien pratique car il n’y a pas de sentiers partout, vu les vallées profondes.
Le stop marche très bien, même à 4 on y arrive: que ce soit homme, femme ou la « police forestière » au volant ! Le second jour sera vraiment celui des levadas, en montagne. Travail impressionnant, avec des canaux à flanc de falaise, de nombreux tunnels pour aller d’une gorge à l’autre car il y a plutôt une multitude de petits ruisseaux dans des gorges très escarpées qu’un torrent. Les tunnels vont de quelques mètres à plusieurs kilomètres. Nous en avons fait un de 40 minutes ! Lampe obligatoire et il faut faire attention à ne pas taper la tête et regarder où on met les pieds ! La pluie se mêle déjà un peu de la partie.
Le lendemain, montée au sommet, le Pico Ruivo, à 1800m, suivi d’un long chemin de crête, tout aussi impressionnant que les levadas. Malheureusement, pluie et vent au programme: ça caille. Le chemin se transforme en ruisseau, on enchaine montées, descentes, cheminement sur la crête ou à flanc de falaise sans voir le paysage et cela pendant près de 4h, vraiment dommage. Par contre, niveau marches (d’escaliers) on aura vu tout le registre ! Vu que les sentiers sont biens escarpés, une grande partie du dénivelée se fait avec des marches : petites, longues, pavées, avec rondins, taillées dans la roche, érodées, en pierres sèches, maçonnées, en dalles, en béton … Ca aura bien rythmé nos randos ! Il n’y a pas à dire, les portugais sont quand même fort en construction. Pour les fleurs qui ont fait la réputation de l’île avec les levadas, novembre n’est pas la meilleure saison, comme pour beaucoup de choses d’ailleurs ! En mai, ça doit être beaucoup plus fleuri.
La veille, nous étions arrivés humides. Là, nous arrivons trempés! Une fois de plus on se réfugie donc dans le bar-épicerie du coin pour manger et se réchauffer.
Bien nous en a pris! Grâce à cela, la veille nous avons fait notre plus belle rencontre de la semaine. Alors que nous étions à l’épicerie, une femme du coin, parlant très bien français, ayant eu pitié de nous quand on lui a dit qu’on allait chercher un abri pour dormir, est revenue une demi-heure plus tard pour nous inviter chez elle. On s’est donc retrouvé à 4 chez Maria-Josée et Juan. Alors, déjà passer la nuit au chaud et à l’abri avec une bonne douche c’était le top; mais en plus on a eu droit à un super repas: grande soupe, plat de châtaignes grillées (on a vu pas mal de châtaigniers entre 600 et 800m) et super gâteau pour finir… Sans parler du petit déj, des bananes du jardin et des œufs pour le pic-nic du lendemain ainsi que les discussions très sympa. Vraiment un accueil que l’on est pas prêt d’oublier. Globalement, nous avons eu toujours un très bon accueil spontané, entre le chauffeur de taxi qui nous a donné sa carte de l’île, des gens rencontrés un soir qui se sont débrouillés pour nous trouver une maison à louer pour la nuit, des guides qui nous renseignaient volontiers sur les sentiers alors qu’ils étaient avec leur groupe,… un des très bons côtés de cette île (et du Portugal) d’autant plus quand on est à pied dans des coins pas toujours très fréquentés des randonneurs.
Pour cette soirée où tout est trempé, ça sera hôtel, immense chambre pour quatre, 15€ par personne avec le petit déj (où on se fera en plus quelques sandwichs pour le pique-nique…), il faut dire qu’on est hors saison. On commence par faire étendage dans la chambre avant de faire chauffer la soupe. Le chauffage n’est pas systématique à Madère, mais dès qu’on gagne en altitude et sur le versant nord, c’est quasi indispensable.
Ca arrive qu’il neige à partir de 1000m mais ça ne tient pas; le climat est très tempéré été comme hiver.
Le lendemain ça sera de nouveau hôtel à cause du vent très froid qui souffle sur le plateau entre 1200 et 1600m d’altitude. Après être monté, via sentiers et levadas, dont une nous obligera à faire demi-tour suite à un effondrement, nous débouchons sur un grand plateau. La végétation change nettement, plus sec, pouvant faire penser à certains causses du massif Central. On retrouve quelques vaches au milieu des nombreuses éoliennes. Les rares maisons sont celles des gardes forestiers.
Ensuite on retrouvera bien un peu de pluie, mais moins forte et on se dirige vers la côte sud où les nuages sont moins présents et la douceur au rendez-vous. Petit resto conseillé par deux français, dans le beau village de Jardim Do Mar. Le poulpe est en effet très bon !
Il y a assez peu de pêche sur l’île : il n’y a pas de hauts fonds, pas de grosse rivière et donc peu d’apport pour nourrir les coquillages; et comme partout une ressource en diminution. Il y a quand même un poisson typique en plus du poulpe: l’espada, très bon d’après ceux qui ont goûté. Niveau agriculture, seules les bananes sont réellement exportées ainsi que le vin de Madère, mais la production ne doit pas être très importante car nous n’avons pas vu beaucoup de vignes. Sinon, pas mal de jardins où la patate douce domine. Après, on retrouve les mêmes variétés que chez nous, à côté de fruits plus exotiques. Dès que l’on sort de Funchal – la capitale – on trouve beaucoup de petits jardins, mais à cause de l’escarpement, il s’agit surtout de petits lopins de terre de subsistance et de petit commerce, à-priori, que d’agriculture à grande échelle.
Notre dernier jour de rando nous conduira de la côte sud à la côte nord, en commençant par 500m de dénivelée sur un sentier qui ressemble plus à un escalier: ça réchauffe ! Ensuite pas mal de stop pour nous conduire dans un joli coin conseillé par un local, entre prairie et jolis arbres, avant d’attaquer la descente. Temps correct, doux, ça sera notre premier bivouac après la baignade dans un bras de mer fermé et douche. Mais on est vendredi soir, alors que l’endroit semblait désert, l’endroit où on s’est posé semble être plus ou moins le point de rdv des jeunes après le bar. On aura droit à un passage incessant de 21h à 4h du mat à quelques mètres de nous avec commentaires en portugais et tentatives de communication- en pseudo anglais – auxquelles on s’est bien gardé de répondre. Rien de méchant mais la nuit n’aura pas été la meilleure !
Il ne nous reste plus qu’à rentrer en bus, avec halte à Funchal où ça nous fait drôle de se retrouver dans un centre commercial moderne après ces 6 jours entre montagnes et petits villages.
L’ensemble des photos : http://www.flickr.com/photos/massonhenri/sets/72157638313354946
Son blog :